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1961 -  Logelbach : incendie de l'usine Haussmann


LogelbachIl aura fallu 18 officiers et 180 pompiers, placés sous le commandement du colonel Albert Ludmann, pour stopper les flammes. La filature était impressionnante : elle comptait sept niveaux, 366 fenêtres et le bâtiment était long de 80 mètres, large de 36 mètres (collection Guy Frank)

Logelbach - Souvenirs d'un incendie

Le 14 février 1961, une filature était touchée par l'un des plus violents incendies qu'à connu la région colmarienne au XXe siècle. Par chance, le drame n'a fait aucune victime. En première ligne de l'incendie qui a touché l'usine Haussmann à Logelbach, deux témoins privilégiés font revivre l'événement encore vivace dans de nombreuses mémoires.

« Un choc terrible », mais aussi « un spectacle extraordinaire ». C'est ainsi qu'André Roth, ancien directeur des Établissements Haussmann, évoque le gigantesque incendie qui a ravagé une filature, le 14 février 1961, à Logelbach. L'événement, qui s'est déroulé il y a exactement quarante-cinq ans, restera gravé à jamais dans la mémoire de nombreux Colmariens. Ce fut, bien sûr, « un choc terrible », car, ce jour-là, une soixantaine de personnes travaillaient au 2e niveau, au département bobinage et cônage. Elles ont heureusement été évacuées à temps. Ce fut également « un spectacle extraordinaire », par la démesure du sinistre : violence de l'explosion, force du rayonnement thermique, nombre de sapeurs-pompiers mobilisés. Dans sa maison cossue de Logelbach, à quelques encablures de l'emplacement de l'usine, André Roth, aujourd'hui âgé de 83 ans, sort les coupures de journaux d'époque, montre d'anciennes photos aux bords dentelés, ainsi qu'une gravure de l'usine sur laquelle figure le bâtiment détruit. Le caractère exceptionnel de l'incendie vient aussi du spectacle surréaliste qui l'a accompagné : « Tout autour du bâtiment, il y avait les gens hagards, des représentants des autorités et des milliers de personnes travesties ». On était Mardi gras.

Une forêt de chênes

Monument de l'architecture industrielle daté de 1822, le bâtiment de sept étages était, à lui seul, « une forêt entière de chênes ». Une poudrière, en résumé, faite de poutres de 40 sur 60 cm placées tous les 60 cm, d'un plancher en bois de 8 à 10 cm d'épaisseur et de grandes colonnes de chêne pour soutenir l'ensemble ! Circonstance aggravante, comme l'explique André Roth, « les poutres étaient imprégnées d'huile et de graisse, car il y a longtemps eu des machines jusqu'au troisième étage du bâtiment ». D'où l'explosion qui a suivi, quelques instants après l'arrivée du directeur sur le site, vers 18 h. Une demi-heure plus tard, les pompiers de Colmar étaient sur place. Pour André Roth, l'incendie de l'usine Haussmann « c'est comme si cela s'était passé hier ». Aujourd'hui maître de chapelle à la collégiale Saint-Martin, il rencontre encore d'anciens ouvriers chez lesquels le souvenir de ce 14 février est encore vivace. Si l'incendie n'a fait aucune victime c'est probablement parce que la plupart des machines avaient été retirées du bâtiment. Modernes, elles nécessitaient des réglages très précis et ne s'accommodaient pas d'un plancher en bois au fort potentiel vibratoire ! Exceptionnel l'incendie de l'usine Haussmann ? Oui par son ampleur, non par son origine, car, comme le rappelle André Roth, « les incendies dans le textile, c'était fréquent ».Logelbach

Ce qu'il en restait le lendemain (collection Guy Frank)

Surpris de ne voir aucune flamme

Ancien directeur des établissements Haussmann, André Roth évoque la première demi-heure de l'incendie. Il était 18 h : « Au fur et à mesure que j'entrais dans la rue de la Poudrière, je me suis dit : c'est vers Haussmann. Ce fut un choc terrible, car je savais qu'il y avait du personnel à l'intérieur du bâtiment. En arrivant à proximité, j'ai été surpris de ne voir aucune flamme, seulement un grand panache de fumée noire. Je suis monté au deuxième étage, là où travaillaient les ouvriers. Il n'y avait plus personne. De retour à l'extérieur, d'un seul coup, il y a eu une explosion et toutes les vitres du troisième étage ont volé en éclats ».

« Il n'y avait pas assez de débit »

« Mis à part les bombardements pendant la guerre, c'est le feu le plus impressionnant que j'ai vu de ma vie. » Louis Brocker était en intervention, rue Wickram, lorsque l'alerte a été donnée. Aujourd'hui âgé de 82 ans, l'ancien pompier professionnel évoque une anecdote peu connue sur l'incendie : « À Colmar, nous avions un véhicule qui s'appelait "la grande puissance". Il n'avait jamais servi. Le colonel Ludmann, qui commandait les opérations, a jugé que le moment d'utiliser ce véhicule était venu. Malheureusement, le canon qui était alimenté par quatre tuyaux pour aspirer de grandes quantités d'eau n'a pas fonctionné. Il n'y avait pas assez de débit. »

Source : Philippe Bohlinger, L'Alsace du mardi 7 février 2006


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