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38 - Les Feux de la Saint-Jean


La fête de la Saint-Jean d'été, traditionnellement accompagnée de grands feux de joie, est, le 24 juin, la fête de Jean le Baptiste (qui a baptisé Jésus).
Elle est proche du solstice d'été dans l'hémisphère nord, qui a lieu le plus fréquemment le 21 juin,
En Alsace, un bûcher de bois d'une dizaine de mètres de haut est construit pour être brûlé le soir de la fête.


Les feux de la Saint-Jean à Wintzenheim

1922 : lieu ??? Organisé par le Club-Vosgien (source : Jean-Louis Meyer, président du Club-Vosgien Wintzenheim)

1979 : au Rotenberg. Organisé par le Club-Vosgien et les sapeurs-pompiers. Bûcher + feu d'artifice (pour la 2e fois).

1980 : au Rotenberg. Organisé par le Club-Vosgien et les sapeurs-pompiers. Bûcher + feu d'artifice.

1981 : au Rotenberg. Organisé par le Club-Vosgien et les sapeurs-pompiers. Bûcher (baraque de l'ancien stade de foot) + feu d'artifice.

L'ADEIF a aussi organisé deux feux de la Saint-Jean (dates ???), une fois près de son chalet sur le Rotenberg, une autre fois près du chalet du "Gaz-Mann" Jacob (source : Georges Lind, entretien avec Guy Frank le 8 mars 2004)

Nous recherchons articles de presse et photos des feux de la Saint-Jean de Wintzenheim


Les dictons de la Saint-Jean

À la Saint-Jean, les feux sont grands.

La nuit de la Saint-Jean est la plus courte de l'an.

À la Saint Jean, les groseilles vont rougissants.

Pluie de Saint Jean, pluie pour longtemps.

Avant la Saint Jean, pluie bénite, après la Saint Jean, pluie maudite.

Vor Johànni Hàui, no Johànni Stroih
Avant la Saint-Jean le foin, après la Saint-Jean la paille

Johànnis Tàui, isch güat fér d'Aui
La rosée de Saint-Jean est bonne pour les prés

Wenn Johanni isch gebore, gehn d'làngi Tag verlore
Quand Saint-Jean est né, perdues les longues journées

Vor Johanni, bitt um Rege, nochher kummt er ungelege
Avant la Saint-Jean, demande de la pluie, après elle est malvenue


Les feux de la Saint-Jean

Depuis des temps immémoriaux des feux en souvenir du culte voué à Wotan sont allumés tous les ans les 23 et 24 juin sur les hauteurs des Vosges et de la Forêt-Noire : la vallée d'Orbey est le théâtre de ces spectacles saisissants que la vox populi appelle brandons, le soir de la mi-carême ; ils nous rappellent les feux du printemps ou de la Saint-Pierre qui font partie du patrimoine de l'Allemagne du nord, où des gamins contournent avec des gerbes de paille allumées les champs pour les rendre féconds.

Une tradition analogue veut que des feux soient allumés sur les contreforts avancés de certains massifs à l'époque du solstice d'été : la cérémonie, vieille réminiscence elle aussi du culte de Wotan, a en général lieu le soir de la Saint-Jean ; au cours des siècles elle a souvent varié de noms, s'appelant tantôt feux du solstice d'été, feux de la Saint-Jean, tantôt feux du ciel ou encore brandons. Je me souviens que dans mon enfance nous rassemblions à cette époque du bois dans les forêts et auprès des habitants de mon village natal (Herrlisheim) et que nous l'accumulions en dehors du village à un carrefour de routes. Le soir, la jeunesse accompagnée des parents, se présentait sur le champ d'opérations, pourrait-on presque dire ; traversant les feux, elle jetait en l'air des brandons, pour ne rentrer que lorsque les bûches étaient consumées. Dans certaines régions les gamins font dévaler les pentes de la montagne des roues entourées de paille qu'ils ont préalablement allumée, dans d'autres enfin la jeunesse porte des guirlandes de fleurs, qui, comme celles consacrées dans la semaine de la Fête-Dieu, doivent protéger les croyants contre les dangers des incendies et de la foudre.

Des écrivains français nous affirment que la France des XIIe et XIIIe siècles a, elle aussi, connu la tradition de ces feux ; d'autre part il résulte de la documentation historique que leur existence en Alsace remonte à une époque très lointaine ; les archives municipales de Kaysersberg en parlent à différentes reprises : en 1458 déjà un conflit éclata entre Kaysersberg et la ville voisine d'Ammerschwihr à propos du "Sungechtburg" (Sungicht égal à solstice d'été). C'est ainsi qu'était appelé l'emplacement où étaient consumés les feux en question, et qui se trouvait en l'espèce au Firtischberg - Fürendäsch - mont d'été (Sommerberg), situé entre la ville impériale de Kaysersberg et Ammerschwihr, à peu près en face du château fort de Kaysersberg. La cérémonie ayant pris fin, les gamins allaient en général se restaurer dans les appartements du bailli impérial au château. Les documents nous disent qu'au XVIIe siècle encore la roue en feu ("sunig Radt") dévalait les pentes de la montagne ; la fête se terminait, comment en aurait-il pu être autrement dans notre pays, où l'on aime la danse, par une kermesse en règle, dont des traces, à l'occasion de la fête de la Saint-Jean, se retrouvent encore après la guerre de Trente ans. Il faut d'ailleurs admettre que la vallée de Munster, elle aussi, connut très tôt les feux de la Saint-Jean, puisqu'il résulte des documents qu'en 1537 déjà une "Singechtburg" se trouvait dans le ban de Gunsbach. A Turckheim, suivant certains comptes établis par le payeur de la ville, l'on tirait des salves de 1540 à 1541 le soir de la Saint-Jean sur la porte supérieure en même temps que l'on versait aux garçonnets qui coupaient des arbres à la "Synnenburg" deux schillings et demi, arbres destinés d'ailleurs aux conseillers municipaux ; les comptes de 1686 à 1689 disent expressément qu'une indemnité était due aux gamins qui plantaient et brûlaient pour le compte des conseillers, l'arbre de la Saint-Jean.

Je ne puis faire autrement - mais chaque année, lorsque le soir de la Saint-Jean s'allument sur les hauteurs bleuâtres du Hohlandsbourg et des Trois-Épis les gerbes sanglantes de cette nuit sacrée, je me souviens de mon adolescence et des jours qui l'ont marquée, jours qui ignoraient tout de l'ingratitude du monde, et je pense au proverbe énigmatique qu'inconsciemment, en ramassant des stocks de bois le soir en question, nous récitions, en allant de maison en maison, et que nous avions l'habitude de crier de toute haleine, quand par hasard nous rencontrions une porte d'un grincheux ou d'un avare qui ne voulait point saisir la sublimité des traditions régionales...   

Source : Auguste Scherlen, Les Perles d'Alsace, Tome 1, 1926 (pages 23, 24, 25)


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